- précipice
-
• 1554; lat. præcipitium→ précipiter1 ♦ Vallée ou anfractuosité du sol très profonde, aux flancs abrupts. ⇒ abîme, gouffre. Route en corniche au bord d'un précipice. Tomber dans un précipice.2 ♦ Par métaph. Danger dans lequel on risque de tomber (⇒ abîme); désastre, malheur. « Vois-je l'État penchant au bord du précipice ? » (Racine). « Ah ! qu'on a bien raison de dire qu'une première faute mène à un précipice ! » (Musset).Synonymes :- abîme- gouffreprécipicen. m. Anfractuosité profonde du sol, aux bords escarpés; ravin, gouffre.|| Fig. Courir au précipice: aller au-devant d'un malheur.⇒PRÉCIPICE, subst. masc.A. —Anfractuosité du sol très profonde, aux flancs abrupts et escarpés. Synon. abîme, gouffre. Au bord, au fond du précipice; franchir les précipices; jeter, pousser, rouler dans le précipice; tomber au fond du précipice. La lave qui a coulé a formé des ravins et des précipices (Voy. La Pérouse, t.2, 1797, p.309). La vue d'un précipice ne fait point de mal; mais puis-je concevoir le précipice sans mimer la chute? Cette convulsion et catastrophe intérieure est ce qui fait mal (ALAIN, Propos, 1922, p.439):• 1. Avant d'arriver sur le plateau il fallut l'un après l'autre traverser, sur une espèce de corniche, le long d'un abîme perpendiculaire. Cette corniche était tellement effacée, que les mulets et les chevaux y rampaient plutôt qu'ils n'y marchaient; et pour ne point voir le précipice, ils tournaient la tête vers le flanc de la montagne.DUSAULX, Voy. Barège, t.1, 1796, p.265.B. —Au fig. Situation dangereuse où l'on risque la catastrophe, le désastre; lieu de perdition. Précipice de l'âme, des passions; entraîner dans un précipice. Quel abyme que son séjour [de l'homme]! Quelle cruauté dans sa maniere de payer les bienfaits de Dieu! Quel suicide continuel pour son ame, que sa conduite! Oh! Homme, puisse la main suprême t'arracher à ce cloaque et à ce précipice toujours ouvert! (SAINT-MARTIN, Homme désir, 1790, p.230). L'homme, espèce d'Oreste à qui manque une Électre, Sous la fatalité de votre regard creux Ne peut rien et va droit au précipice affreux (VERLAINE, Poèmes saturn., 1866, p.86):• 2. Entre les deux précipices qu'il [Napoléon] avait creusés aux deux bords de sa vie, il alla, par une étroite chaussée, chercher sa destruction au fond de l'Europe, comme sur ce pont que la Mort, aidée du mal, avait jeté à travers le chaos.CHATEAUBR., Mém., t.2, 1848, p.401.Prononc. et Orth.:[
]. Ac. 1694, 1718: pre-; dep. 1740: pré-. Étymol. et Hist. 1. Av. 1520 precipice «lieu profond et escarpé» (CL. DE SEYSSEL, trad. de l'Hist. des successeurs d'Alexandre le Grand, extraicte de Diodore Sicilien, éd. 1530, III, 10, 97 v° ds HUG.); 1524 principice (G. BRIÇONNET, Corresp., éd. Ch. Martineau - M. Veissière - H. Heller, t.2, p.137: tumbe en la fosse et principice); 2. 1559 fig. «danger, désastre, malheur» (AMYOT, Vies des hommes illustres, Lucullus, f° 363 r°: il estoit trop mal aisé de la retenir [la chose publique] qu'elle n'allast en precipice). Empr. au lat. praecipitium «chute d'un lieu élevé; précipice, abîme», sing. formé à l'époque impériale à partir de praecipitia, plur. de praeceps, praecipitis «précipice; danger mortel» (v. ERN.-MEILLET). Fréq. abs. littér.:687. Fréq. rel. littér.:XIXes.: a) 1734, b) 1555; XXes.: a) 374, b) 382.
précipice [pʀesipis] n. m.ÉTYM. 1554; lat. præcipitium. → Précipiter.❖1 Vallée ou anfractuosité du sol extrêmement profonde, aux flancs très abrupts et escarpés. ⇒ Abîme, cavité, gouffre. || Précipices dans les montagnes (→ Chamois, cit. 1; dédoubler, cit. 1). || Côtoyer les escarpements (cit. 2) et les précipices. || Dans un précipice, au fond d'un précipice (→ Fracture, cit. 2; grimper, cit. 13). || Courir (cit. 3) à flanc de précipice. || Route en corniche au bord, sur les bords d'un précipice. || Plaines coupées de précipices (→ Glaise, cit. 1). || Vertige à la vue d'un précipice. || Garde-fou, parapet au bord d'un précipice. || Jeter, pousser dans un précipice. ⇒ Précipiter.1 J'ai souvent essayé (éprouvé) cela en nos montagnes (…) que je ne pouvais souffrir la vue de cette profondeur infinie sans horreur et tremblement de jarrets et de cuisses, encore qu'il s'en fallût bien ma longueur que je ne fusse du tout au bord (…) les précipices coupés et unis, nous ne les pouvons pas seulement regarder sans tournoiement de tête… (ce) qui est une évidente imposture de la vue.Montaigne, Essais, II, XII (→ Imagination, cit. 11, Pascal).2 Tout à coup, de petits graviers roulèrent d'en haut (…) du côté de la gorge, des museaux pointus, des oreilles droites parurent; des prunelles fauves brillaient. C'étaient les chacals arrivant pour manger les restes. Le Carthaginois, qui regardait penché du haut du précipice, s'en retourna.Flaubert, Salammbô, XIV.2 Par métaphore ou fig. Danger dans lequel on risque de tomber (⇒ Abîme, gouffre); désastre, malheur (⇒ Ruine). || « Vois-je l'État penchant au bord (cit. 2) du précipice ? » (Racine). || « Je leur semai de fleurs (cit. 9) le bord des précipices » (Racine). || Tomber dans « le plus horrible précipice de l'infortune » (→ Malédiction, cit. 17). || Jeter, entraîner qqn dans un précipice.3 Et que, dans le chemin du vice,On est au fond du précipice,Dès qu'on met un pied sur le bord.Florian, Fables, V, 18.4 Ah ! qu'on a bien raison de dire qu'une première faute mène à un précipice !A. de Musset, Il ne faut jurer de rien, III, 1.♦ ☑ Loc. (XVIIe). Marcher sur le (au bord du) précipice : être en grand danger.❖CONTR. Éminence.
Encyclopédie Universelle. 2012.